L’Autorité Nationale pour la Protection des Droits de l’Enfant et de l’Adoption (ANPDCA) a organisé, vendredi 29 août 2014, un débat sur la question du retour en famille des enfants placés sous la protection de l’Etat. Dans le cadre de cet évènement, un projet de SERA ROMANIA en partenariat avec la Direction Départementale d’Assistance Sociale et de Protection de l’Enfance (DGASPC) de Vaslui a été présenté comme exemple de bonne pratique. Achevé à l’automne 2013, ce projet avait pour objectif d’accompagner et soutenir la réintégration dans leurs familles biologiques d’enfants placés sous la protection de l’Etat dans le département de Vaslui.
« Depuis 1996, SERA ROMANIA a fermé plus de 70 institutions de type ancien et a créé le système de placement en familles d’accueil. Depuis le début, nos actions soutiennent le retour de l’enfant dans la famille. Il est clair que le meilleur environnement pour l’enfant est sa famille biologique. (…) Malheureusement, les chiffres montrent que l’institutionnalisation tend à devenir de longue durée. En partenariat avec la DGASPC de Vaslui, nous avons mis en place un programme pilote afin d’évaluer si en soutenant une famille, celui-ci pourra reprendre son enfant en son sein. Cette démarche constitue une nouveauté en matière de protection de l’enfance, » a déclaré Bogdan Simion, directeur exécutif de SERA ROMANIA, dans le cadre de la conférence.
Il a également présenté les résultats et les leçons apprises du projet de Vaslui. « Nous avons accompagné la réintégration de 184 enfants, alors que l’objectif initial était de 150. Pour cela, nous avons évalué 537 dossiers et parcouru 200 000 km. Parmi ces enfants, 128 ont été réintégrés avec un soutien matériel. En moyenne, le coût d’une réintégration a été de 1 100 euros sur 8 mois de projet, soit une dépense mensuelle de 139 euros. A l’opposé, l’Etat dépense 420 euros par mois pour un enfant placé en famille d’accueil et 600 euros mensuels pour la prise en charge d’un enfant en institution. Le maintien de l’enfant dans sa famille coûterait environ 200 euros et le fait de soutenir les familles a permis d’augmenter considérablement le nombre d’enfants retournant en famille, » a expliqué Bogdan Simion.
« Nous manquons d’instruments clairs pour que les autorités locales puissent aider les familles. Pour réduire les dépenses, nous avons besoin de Services Publics d’Assistante Sociale (SPAS) plus efficaces dans les mairies. Le premier audit du système de protection de l’enfance, que nous avons conduit en partenariat avec le Ministère du Travail, a montré qu’il existe des difficultés au niveau de nombreux SPAS, en particulier du fait d’un manque de ressources humaines. Le retour en famille doit être associé à un travail de prévention de l’abandon. Quand on sort un enfant du système de protection de l’Etat, sa place est prise par un autre enfant. La capacité maximale du système a été atteinte, » a conclu Bogdan Simion.
Gabriela Coman, présidente de l’ANPDCA, a montré que les causes conduisant au placement et les obstacles au retour en famille des enfants doivent être mieux analysés. Elle a précisé qu’une telle analyse a été sollicitée par l’UNICEF et la Banque Mondiale et sera finalisée probablement en octobre.
« Si l’on connaît toutes les raisons conduisant au placement, il est alors possible de mieux préparer le retour dans la famille. Les instruments d’analyse de la situation familiale utilisés par les assistants sociaux devraient être améliorés, afin que ceux-ci puissent appréhender le contexte dans toutes ses dimensions : éducationnelle, émotionnelle, financière etc. Nous savons qu’il existe un déficit de personnel, toutefois, en matière de recrutement, la priorité doit être donnée aux professionnels de l’enfance. Aujourd’hui nous n’avons pas les moyens de travailler avec les familles et d’intervenir, toutefois avec le soutien de projets comme ceux présentés aujourd’hui, nous espérons renforcer les capacités des SPAS, » a déclaré la présidente de l’ANPDCA.
Elle a ajouté qu’il existe deux priorités : donner aux enfants la possibilité de retourner en famille et soutenir les familles des enfants réintégrés. Gabriela Coman a précisé que plus de 60 000 enfants sont placés sous la protection de l’Etat, ce chiffre, constant depuis plusieurs années, préoccupe les autorités.
Beatrice Vlad de la DGASPC Vaslui a présenté la situation dans le département de Vaslui, qui présente les meilleurs taux de retours en famille, au niveau national, au cours des dernières années : « Dans notre département, 5 500 enfants bénéficient des services offerts par la DGASPC, ce chiffre est en croissance depuis 2010. Du fait de ce nombre important d’enfants, nous nous concentrons sur la réintégration familiale. Le projet mis en place avec SERA ROMANIA, entre 2012 et 2013, a coûté 420 000 euros. Par rapport au coût du système, les dépenses pour la réintégration sont beaucoup moins élevées. Nous poursuivons notre collaboration avec SERA ROMANIA par la mise en œuvre de deux autres projets : un projet de prévention des grossesses non désirées et un projet de prévention de l’abandon. »
Une vidéo illustrant le projet de Vaslui a été présentée dans le cadre du débat.
Le directeur de la DGAPSC Vaslui a souligné que bien que certains enfants réussissent à réintégrer leur famille biologique, le nombre d’enfants sous la protection de l’Etat ne baisse pas. Ce constat témoigne de la nécessité de mettre en place des programmes de prévention de l’abandon des enfants.
Cet avis a été partagé par les représentants des ONG du secteur invitées au débat (UNICEF, World Vision Romania et HHC Romania). Plusieurs DGAPSC et le Collège des psychologues de Roumanie ont également participé à l’évènement.