Face aux statistiques alarmantes du nombre de grossesses chez les mineures, en particulier parmi les jeunes filles dépendant du système de protection de l’Etat, Bogdan Simion, directeur exécutif de SERA ROMANIA, a souligné la nécessité de donner accès à une éducation sexuelle et au planning familial dès l’âge de 10 ou 11 ans.
Selon les données du Ministère de la Protection de l’Enfance publiées le 18 juin par MEDIAFAX, près de 200 mineures vivant en centres de placement sont tombées enceintes entre janvier 2012 et mai 2013. 165 d’entres elles (82,5%), dont quatre âgées de 10 à 13 ans, ont choisi de donner naissance.
Une des raisons expliquant ce nombre élevé de grossesses est le manque d’éducation sexuelle pour les enfants vivant en centres de placement. Pour faire face à cette situation, SERA Romania développe depuis 2000, en partenariat avec les Directions Départementales de Protection de l’Enfance de plus de 25 départements, un programme de prévention des grossesses non désirées, y compris dans les centres de placement.
Ce programme, appelé « planning familial itinérant », mis en place à l’échelon départemental, consiste en une équipe de deux personnes, une infirmière et une assistante sociale, qui sillonnent le département pour proposer aux femmes et aux filles un service d’information et de suivi sur les questions de contraception, de santé maternelle et de vie familiale. Ces équipes font également le relai entre les bénéficiaires et les services sociaux et médicaux existants.
« Les équipes de planning familial itinérant se rendent dans les centres de placements, en particulier dans ceux qui accueillent des adolescents. Lorsqu’une mineure tombe enceinte et qu’elle est sous la protection de l’Etat, sa situation nécessite une intervention à plusieurs niveaux. Les enfants âgés de 10-11 ans ont déjà besoin d’avoir accès à une éducation sexuelle et aux services du planning familial ; en effet, l’âge des premières règles a beaucoup baissé et on devrait leur donner les clefs pour gérer cette nouvelle situation. Il faut informer les jeunes filles à temps, avant de constater qu’elles sont enceintes. Malheureusement, je pense qu’il y a de vrais manques en termes d’éducation sexuelle et que cette matière est évitée à l’école car elle considéré sensible. Par ailleurs, les filles comme les garçons devraient recevoir des conseils pour se protéger non seulement contre les grossesses non désirées mais également contre les infections sexuellement transmissibles, car c’est également un problème important, l’occurrence des IST est élevée », alerte Bogdan Simion.
Le directeur de SERA, souligne que dans les cas de grossesses parmi les mineures protégées par l’Etat, la situation est doublement complexe, car la mineure doit être considérée comme futur parent et devrait bénéficier d’un vrai soutien, pour savoir quelles sont les possibilités pour elle et pour le bébé, si elle décide de la garder.
« Dans tous les cas, personne ne peut forcer la jeune fille à interrompre sa grossesse. Si cela se produit, il s’agit d’un abus, et si la jeune fille est déterminée à mener la grossesse à terme, il faut préparer son transfert dans un centre mère-enfant, car une fois l’enfant né elle ne pourra rester dans son centre de placement », explique le directeur de SERA Romania.
Des statistiques alarmantes au niveau national
Les données fournies par le Ministère de la Protection de l’enfance et publiées par l’agence de presse roumaine, mettent en lumière une situation difficile en termes de protection de l’enfance. Entre janvier 2012 et Mai 2013, 165 mineures dépendants du système de protection de l’Etat ont donné naissance et 19 ont subi une interruption volontaire de grossesse.
Sur l’année 2012, 116 filles avaient donné naissance, dont trois âgées de 10 à 13 ans. 12 jeunes filles qui avaient choisi d’interrompre leur grossesse, la majorité été âgée de plus de 14 ans.
Sur la période janvier-mai 2013, c'est-à-dire les 5 premiers mois de l’année, 49 mineures ont donné naissance, dont 1 âgée de moins de 14 ans et 7 ont subi une IVG dont 1 âgée de moins de 14 ans.
Au total, près de 850 jeunes filles âgées de 11 à 14 ans sont tombées enceintes entre janvier 2012 et Mars 2013 et près de 600 d’entre elles (70%) ont choisi d’interrompre leur grossesse, selon les données officielles.
D’après les mêmes données, 16 101 jeunes filles, de moins de 19 ans, sont tombées enceintes et 10 224 (64%) ont choisi d’interrompre leur grossesse.