Jusqu’à l’âge de trois ans, les enfants placés sous la protection de l’Etat devront obligatoirement vivre au sein de leur famille élargie ou d’une famille d’accueil. Cet amendement a été motivé principalement par les résultats du projet de recherche « Bucharest Early Intervention Project » mis en place depuis 2000 par SERA ROMANIA en partenariat avec les universités américaines de Harvard, du Minnesota et de Tulane. Cette étude a mis en évidence, parmi les enfants institutionnalisés, des problèmes d’attachement, des déficiences au niveau du langage, de la mémoire et des capacités de discernement, ainsi que des difficultés à contrôler leurs pulsions. Les effets négatifs de l’institutionnalisation sur l’enfant dépendent plus de l’âge auquel l’enfant est placé en institution que de la durée de l’institutionnalisation. Ainsi, les enfants placés en institutions depuis leur naissance, présentent des lésions irréversibles de la substance grise du cerveau. La substance blanche est également affectée mais ces atteintes sont réversibles si l’enfant quitte l’institution pour un placement en famille.
Nous assistons aujourd’hui à un moment historique, le Parlement prenant une décision basée sur des données scientifiques et non de manière émotionnelle ou partisane.
Cette mesure tout comme le rétablissement de l’Autorité Nationale pour la Protection des Droits de l’Enfant, ont été suggérées par Gabriela Coman, ancienne présidente de la Fédération des Organisations Non-gouvernementales pour l’Enfant (FONPC), en novembre 2013 à deux reprises : à l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’enfant et lors de la conférence annuelle de l’Institut pour la Développement de l’Enfant organisée par la FONPC et SERA ROMANIA. Notre satisfaction est d’autant plus importante, que ces deux propositions émanant de la société civile se sont concrétisées en moins d’un an.
Mon seul regret, est que la loi 272 continue d’autoriser l’institutionnalisation des enfants de moins de trois s’ils sont en situation de handicap grave et requièrent des soins spécifiques dispensés dans les institutions.
Nous espérons que cette exception sera également abrogée prochainement.
Bogdan Simion, directeur exécutif de SERA ROMANIA