Aujourd’hui, c’est la journée internationale des personnes handicapées. En Roumanie, le débat est en cours pour savoir quel terme devrait être utilisé: handicap ou « disabilité » ? D’après la Constitution, nous devrions parler de handicap. L’influence anglo-saxonne nous encourage à utiliser ce barbarisme dont la signification n’est pas claire en roumain – disabilité. Cette discussion sémantique pourrait être intéressante si les personnes en situation de handicap / disabilité jouissaient des mêmes droits que les autres citoyens. Malheureusement, nous sommes loin de cette situation d’égalité.
Il y a plus d’un milliard de personnes en situation de handicap dans le monde. Ces personnes sont confrontées quotidiennement à des obstacles physiques mais aussi sociaux, économiques et comportementaux. 80% des personnes en situation de handicap vivent dans des pays en voie de développement, ce qui signifie qu’ils doivent également faire face à la pauvreté. Bien qu’ils constituent la minorité la plus nombreuse du monde, la problématique des personnes handicapées reste largement invisible au sein des processus de développement. Par ailleurs, les personnes en situation de handicap sont plus susceptibles d’être exposées à la violence. Les enfants en situation de handicap sont ainsi quatre fois plus confrontés à des situations de violence que les enfants sans handicap.
Quand on fête un anniversaire, le réflexe est de souhaiter « longue vie » à la personne concernée. Je ne veux pas souhaiter cela aux personnes handicapées de Roumanie. En effet, je ne peux pas souhaiter qu’elles continuent de vivre dans l’isolement et dans le besoin. Je préfère nous souhaiter d’avoir de l’empathie pour ces personnes, de les comprendre et de construire ensemble une société normale dans laquelle la différence handicapé / normal n’existerait plus.
Au fil des années, j’ai rencontré des enfants en situation de handicap dans les institutions de l’époque de Ceausescu, dans les sections de pédopsychiatries communistes, dans les centres de placement actuels. Nous avons essayé de leur apporter un soutien en créant plus de 47 centres thérapeutiques dans tout le pays. Toutefois, beaucoup reste à faire. Triste anniversaire, en Roumanie, que cette journée mondiale du handicap. Peut-être qu’un jour nous auront des raisons de nous réjouir et nous pourront dresser un bilan positif. Malheureusement, pas aujourd’hui.
Bogdan Simion, directeur exécutif de SERA ROMANIA.